Les Incas sont-ils un peuple bon à penser ? Moïse, Platon, Rome et l'exotique apprivoisé

Carmen Bernand

pp. 105-120

Ce texte traite de trois formes de transfert. La première est politique et correspond aux idées sur la « translatio imperii » courantes au début du xvie siècle. La puissance du Saint-Empire Romain germanique se trouve désormais incarnée dans l’Espagne des Habsbourg, mais selon des attentes messianiques cette légitimité peut se déplacer dans le Nouveau Monde, notamment au Pérou. La deuxième forme de transfert est culturelle et se concrétise par une double traduction : celle que l’Inca Garcilaso, un métis Péruvien, fait des Dialoghi d’Amore, essai écrit par Léon Hébreu, inspiré à la fois par le néoplatonisme de la renaissance et la tradition juive, et celle que ce même Gardilaso fera plus tard, en rédigeant l’histoire des Incas et en « traduisant » l’altérité absolue de ce peuple en termes platoniciens, romains et bibliques. Enfin ce travail est rendu possible par un transfert psychologique que Garcilaso, métis mélancolique entre deux mondes, opère sur Léon, le juif errant.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.1002

Full citation:

Bernand, C. (2004). Les Incas sont-ils un peuple bon à penser ? Moïse, Platon, Rome et l'exotique apprivoisé. Revue germanique internationale - ancienne série 21, pp. 105-120.

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